Le baril à 250 USD. Why, mais surtout why not.

Publié le par David Trading Blog

C'est le genre de petite phrase qui ne passe pas inaperçue, surtout quand elle émane d'un personnage clé de cette industrie. Bon, je suis mauvais pour le suspens, vous l'aurez remarqué, alors on va y aller franco : c'est Alexeï Miller qui a balancé l'info lors d'un petit raout à Deauville. Alexeï Miller, pour celles et ceux qui ne l'ont pas encore reconnu, c'est le dirigeant du géant gazier russe GazProm, aussi son avis, eh bien, il compte ! Voici texto ce que Miller a dit :

"Aujourd'hui, nous sommes les témoins d'une augmentation des prix critique pour les hydrocarbures. Maintenant, le prix va atteindre un niveau jamais atteint. La perspective sera de 250 dollars par baril de pétrole"


http://www.ledevoir.com/2008/06/21/images/pet_af_210608.jpg
ça l'arrangerait bien, tiens ! Gazprom, non content d'être la 3e capitalisation boursière au monde, ne se contente pas d'être le principal acteur du gaz, le groupe détient également GazProm Neft, une filiale dédiée au pétrole, et qui se porte également fort bien (2005 : 33 millions de tonnes extraites, CA : 14,7 milliards USD). Miller (et l'Etat Russe, l'actionnaire majoritaire) a donc tout intérêt à ce que le prix du baril poursuive son envolée. Cette embardée vers le "oil peak" me fait penser à une autre prévision, celle d'Arjun Murti de la Goldman Sachs, une info relayée par le Monde, entre autres, qui lui aussi prédisait un baril aux alentours de 200 USD :

"Dans une note publiée lundi 5 mai par la banque d'affaires américaine, l'analyste juge possible que les prix de l'or noir atteignent 150, voire 200 dollars, dans les six à vingt-quatre prochains mois. Cette prévision menaçante a poussé des investisseurs à acheter encore plus de "barils papier" et a alimenté la flambée des cours."


Et devinez quoi, avec l'avis de ces 2 pontes, eh bien le baril a effectivement continué sur sa lancée ! Mouais... évidemment, vu la hausse du baril ces derniers temps, parier sur une hausse, au vu et su du contexte international, c'est tendance, ça ne mange pas de pain. Mais je serais beaucoup plus nuancé dans la réflexion que je vous livre, car il existe certains éléments qui devraient freiner la hausse du baril, en tout cas, des facteurs à ne pas oublier, car ils pourraient continuer à peser sur les prix.

1. N'oublions pas que le prix du baril se négocie en dollars (USD). Après, c'est une simple logique de matheux que je fus qui s'applique ! Le dollar dévisse, perd de sa valeur, donc cela veut dire que mécaniquement, le vendeur du baril (les russes, les saoudiens, j'en passe) augmente son prix non pas pour s'en mettre plein les poches, mais pour maintenir son niveau de revenu ! Cela veut donc dire que si le dollar freine sa baisse (et les Etats-Unis sont justement connus pour se sortir de crises inéluctables), le prix baissera ! eh oui !

2. Y a t-il un problème d'offre et demande ? Mais non ! Certes la "demande est forte", on finit par tellement l'entendre que c'en est saoulant ! Je rappelle que l'OPEP s'est précisément constitué pour maintenir des prix HAUTS, quand on est PRODUCTEUR, la hausse des prix, ça fait du BIEN. C'est donc une "pénurie" artificiellement maintenue qui maintient un haut niveau de prix. Faites pression sur les producteurs, et ça pourrait redescendre. Et puis si la demande chinoise est forte, la demande américaine va diminuer (effet des subprimes), DONC la demande chinoise va aussi se tasser (les Etats-Unis sont leur principal marché).

http://911nwo.info/wp-content/uploads/2008/03/dollard-crash.jpg
3. Les énergies nouvelles. Ok, pour l'instant, c'est une mode, des expérimentations souvent subventionnés (prix de l'éolien, par exemple), MAIS après cette phase de rôdage, on peut envisager que ces énergies non fossiles remplacent une certaine part du tout-pétrole. Et à mon humble avis, les pays qui jouent au chat et à la souris avec les prix en gardant au chaud des réserves immenses feront une autre tête quand ils verront que le pétrole sera petit à petit délaissé.

Bref, le pétrole à 250 USD, on y est pas encore, et côté investisseurs et petits porteurs, je ne saurais que trop vous conseiller d'être extrêmement prudent, perso je ne joue pas sur cette matière première !


Publié dans pétrole

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